S O M M A I R E du CE n°3
- Quel budget pour quelles politiques ? par Patrick Lefas (p.4)
Les réactions à l'accord sur les perspectives financières (p.6)
4 questions à Hubert Haenel (p.7)
Comment sortir le budget européen de l'impasse? par André Gauron (p.8)
Sortir des idées reçues sur le budget européen par Mario Nava (p.10)
Cahier central : fiches à découper
- Que fait l'Europe près de chez vous ? Quelques exemples dans la circonscription Outre-Mer
- Un jour, quelque part en Europe...
Edito
Un budget communautaire de 862,4 milliards d'euros, soit 1,045% du PIB de l'Union
: tel est l'accord auquel sont parvenus dans la nuit du 17 décembre les
Chefs d'Etat et de gouvernement. Le résultat est loin de la proposition
initiale de la Commission (994 milliards d'euros) et inférieur à
celle des Luxembourgeois (871 milliards d'euros), même s'il constitue une
amélioration par rapport à la première proposition de la
Présidence britannique (+13 milliards d'euros).
Après les deux referendums négatifs sur le projet de traité
constitutionnel, un échec des négociations budgétaires
aurait très certainement enfoncé l'Europe dans la crise. Dans
l'immédiat, cet accord a donc évité le blocage total des
activités de l'Union, mais la question des priorités et du dessein
européens reste entière.
En effet, si les négociateurs et les commentateurs ont affiché
leur soulagement, les priorités de l'Union n'ont pas été
définies, la structure du budget communautaire demeure globalement identique
malgré des critiques aussi récurrentes que les promesses de modernisation,
le budget lui-même n'a pas augmenté en proportion des besoins des
nouveaux adhérents. Au total, l'accord a été, peu ou prou,
réalisé sur la pérennisation de ce qui existait déjà
et que tout le monde s'accordait à trouver insuffisant. Et tel est toujours
le cas : ce n'est pas avec un budget dépassant à peine le 1% du
PIB que les Européens pourront relever les défis qui sont devant
eux !
Qui a oublié Tony Blair, au début de sa Présidence de
l'Union, promettant une Europe dont le modèle social serait tourné
vers la croissance et l'innovation ? Pourtant, à aucun moment la Présidence
britannique n'a proposé de projet de budget correspondant à cette
annonce. Son principal apport au succès de cette négociation a
été d'accepter, certes contrainte par l'exaspération de
ses partenaires, la remise en cause d'une partie du " rabais " dont
la Grande Bretagne bénéficiait depuis 1984.
Mais, une fois de plus, les Etats ont réussi à préserver
leurs intérêts nationaux pour deux ou trois années supplémentaires,
au détriment de l'esprit européen de solidarité. L'accord
conserve ainsi une PAC à l'identique, voire moins soucieuse du développement
rural, et 80% du rabais britannique
Le Conseil européen a refusé
de donner à l'Union les moyens de sa cohésion économique
et sociale, ou ceux de se préparer à l'avenir, à travers
une politique de soutien à la recherche et à l'innovation.
Le renvoi à 2008 de la révision globale du budget, de ses équilibres
et de ses priorités, montre que les chefs d'Etats, s'ils sont conscients
de la nécessité de repenser les actions de l'Union, n'en ont pour
l'instant pas le courage ou la force politiques.
Le Mouvement Européen devra redoubler d'efforts,
d'abord pour expliquer à nos concitoyens que les économies d'aujourd'hui
ont des conséquences concrètes et au quotidien sur la capacité
d'action de l'Union et ensuite pour convaincre les chefs d'Etat et de gouvernement,
d'ici à 2008, de s'engager sur des choix politiques et budgétaires
à la hauteur de notre ambition pour l'Europe.
Nous aurons, en 2006, beaucoup de travail pour redonner à l'Europe un
espoir. Bonne année à tous !
Pierre Moscovici
Président du Mouvement Européen-France