Anne-Marie IDRAC, Henri NALLET, Wolfgang THIERSE,
Elmar BROK
Communiqué du Mouvement Européen-France, du Mouvement Européen-Allemagne
et de Europa Union
Le 12 mai 2000 à Berlin, Joschka
Fischer, ministre allemand des Affaires étrangères, a présenté
ses réflexions sur la "finalité" de la construction
européenne. Il s'est à cette occasion prononcé en
faveur de la perspective d'une fédération européenne
d'Etats-nations dotée d'une constitution.
Le Mouvement Européen-Allemagne,
le Mouvement Européen-France et Europa Union se réjouissent
de l'ouverture d'un large débat de fond sur l'avenir du projet
européen.
Nous estimons en effet qu'un tel
débat est aujourd'hui indispensable et salutaire : avant son élargissement
aux 12 pays candidats actuellement en négociation d'adhésion,
l'Union européenne ne peut plus se contenter de procéder
à de simples réajustements successifs d'un système
institutionnel conçu à l'origine pour 6 Etats membres et
dont le fonctionnement est déjà devenu fort difficile à
15. Nous considérons ainsi comme prioritaire lextension du
vote à la majorité qualifiée.
Au delà des sujets inscrits
à l'agenda de l'actuelle conférence intergouvernementale,
une réforme fondamentale du système politico-institutionnel
de l'Union européenne est indispensable. Les orientations tracées
par le ministre allemand des Affaires étrangères rejoignent
plusieurs des positions soutenues par nos mouvements respectifs. Ainsi,
le Mouvement Européen-France, le Mouvement Européen-Allemagne
et Europa Union réaffirment les orientations suivantes :
- Il est indispensable d'assurer une meilleure implication des citoyens
dans le fonctionnement de l'Union européenne. A cet effet, il convient
de poursuivre la démocratisation et la simplification de l'édifice
institutionnel européen, mal perçu par les populations parce
que d'ores et déjà compliqué, et qui risque de devenir
incompréhensible avec l'élargissement.
- Une Europe démocratique, capable de décider et d'agir
avec efficacité, suppose l'existence à terme d'un gouvernement
européen. Ce gouvernement, expression de la volonté démocratique
des citoyens européens, soumis à un contrôle parlementaire,
serait chargé d'exécuter, dans le domaine des compétences
qui lui seraient déléguées, les responsabilités
qui sont le propre d'un Exécutif.
- Pour assurer l'équilibre, le bon fonctionnement et la transparence
des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ainsi qu'une
meilleure lisibilité du système institutionnel dans son
ensemble, la rédaction d'une constitution européenne s'avère
indispensable. Cette constitution, s'appuyant sur les valeurs communes
aux Etats européens, devra ancrer les droits fondamentaux de la
personne humaine et prévoir la répartition des pouvoirs
et compétences entre les institutions européennes d'une
part, et entre l'Europe et les Etats-nations d'autre part.
- Il nous paraît qu'une structure de type fédéral,
déjà envisagée par Robert Schuman il y a cinquante
ans, est la mieux à même de permettre à l'Union européenne
de réaliser son élargissement tout en maintenant sa capacité
d'action, en assurant sa démocratisation et en préservant
l'identité nationale des Etats membres. Dans le cadre d'une fédération
européenne telle qu'esquissée par Joschka Fischer et soutenue
par les Mouvements européens allemand et français, chaque
Etat continuera à exister pleinement avec toutes ses prérogatives
propres, à la seule exception de la part de souveraineté
déléguée aux institutions fédérales
dans le respect du principe de subsidiarité évoqué
ci-dessus.
- Dans la mesure où tous les Etats membres actuels ou futurs ne
souhaiteraient pas s'engager sur la voie de la fédération
européenne, nous soutenons l'idée de la constitution d'une
"avant-garde" ou d'un "centre de gravité" d'Etats
membres désireux de progresser dans l'intégration politique
comme étape intermédiaire vers cette fédération
européenne, qui préserve lunité et lintégration
du système institutionnel.
- La France et l'Allemagne ont toujours souhaité, par delà
la nécessaire union économique, donner à la construction
européenne un caractère politique qui rassemble les peuples
autour d'un grand projet commun. Depuis un demi-siècle, nos deux
pays partagent en effet l'idée que la construction européenne
repose avant tout sur le dépassement des égoïsmes nationaux.
Nous espérons que l'initiative de M. Fischer contribuera à
donner un nouvel élan au couple franco-allemand, uni autour d'une
vision commune de l'Europe, et que les gouvernements français et
allemand en débattront avec les autres Etats membres de l'Union
en vue d'en promouvoir la mise en oeuvre.
Wolfgang THIERSE
Président du Mouvement Européen-Allemagne Anne-Marie IDRAC
Présidente du Mouvement Européen-France
Elmar BROK
Président de Europa Union Henri NALLET
Premier Vice-Président du Mouvement Européen-France
Contact presse :
Marie BOSVIEUX
Responsable de la Communication
Mouvement Européen-France
L.D. : +33 (0)1 45 49 96 59
Fax : +33 (0)1 45 49 96 61
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