Comme l'année dernière, les sections
locales du MEF sont invitées à réfléchir
et à élaborer une contribution en vue d'un Conseil national
extraordinaire. Le ME77 se félicite de
la méthode employée et constate avec joie l'évolution
du Mouvement Européen vers un débat interne régulier
et permanent.
Les 6 questions posées par le groupe
" Débat sur l'avenir de l'Europe " sont essentielles
mais il semble au ME77 que l'étude exhaustive de l'ensemble de
ces six points dans une contribution locale ne permet pas forcément
d'étudier pleinement les différents points. Aussi, le
ME77 a souhaiter réfléchir sur deux questions et poser
la problématique pour la troisième.
Oui, l'UE a besoin d'une constitution
Cette affirmation est aujourd'hui devenue une
volonté partagée par nombre de personnalités. Néanmoins,
derrière ce souhait, il est indispensable que ce que sera la
future constitution soit pour la construction européenne un élément
approfondissant la construction européenne et non comme certains
le voudraient un "moins d'Europe" vers plus d'intergouvernemental.
L'élaboration de cette future constitution
ne pourrait que se faire selon la méthode de la Convention dont
l'efficacité a été reconnue et dont la légitimité
reposait à la fois sur les citoyens européens (membres
du Parlement européen) et les citoyens des Etats membres (membres
des parlements nationaux et représentants des gouvernements).
Peut-être devrions nous accorder une place dans cette Convention
qui pourrait être "institutionnalisée" comme
instance d'élaboration de l'ensemble des futurs traités,
constitution et amélioration de la Charte des droits fondamentaux
aux acteurs de la société civile par l'intermédiaire
d'une délégation du Comité
économique et social européen ainsi qu'aux collectivités
locales par l'intermédiaire d'une délégation du
Comité des Régions.
La charte des droits fondamentaux devrait bien
évidement être le préambule de la future constitution.
Afin de forcer la main au Conseil et montrer la détermination
du ME de voir la Charte comme ayant un caractère juridique contraignant,
peut-être le MEF pourrait lancer un appel public en ce sens. Le
ME77 déplore que l'opposition de trois Etats membres ait reportée
à 2004 la question du statut de la Charte. En effet quel exemple
donne ces Etats membres aux pays candidats à l'adhésion
qui doivent respecter les critères dits de Copenhague et dont
on refuserait des dérogations provisoires lors de leur adhésion
!
Projeter l'élaboration d'une Constitution
entraîne aussi des conséquences que l'on peut deviner eu
égard au Conseil européen de Nice sur la Charte des droits
fondamentaux. Il est à craindre que ces même pays bloquent
soit au début de l'élaboration de la constitution soit
en dernier ressort lors de son adoption. Se pose la question de l'avenir
de ces pays dans l'UE. Ceci d'autant plus qu'en
terme de droits fondamentaux sous leur aspect de la dignité de
la personne principalement, la reconnaissance par le Danemark et la
Suède de sectes comme associations cultuelles pose un véritable
problème en terme de libertés individuelles et collectives.
Comment rapprocher l'Europe des citoyens?
Une partie de la réponse se trouve dans la participation active
des lus et de la société civile dans l'élaboration
des textes fondamentaux avec la Convention. Mais pour les lus
européens, leur mode de scrutin en France est inapproprié
comme le rappelle le MEF depuis plusieurs années. Nous devons
profiter de l'occasion de la modification du nombre de députés
européens décidée à Nice pour enfin organiser
le mode de scrutin en France dans un cadre régionalisé.
Le MEF doit donc saisir la présente occasion
pour reprendre l'initiative. Rapprocher l'Europe des citoyens revient
à tenter de répondre à la problématique
actuelle de réconcilier les personnes avec la vie politique au
sens large du terme et d'agir pour que les personnes agissent en tant
que citoyen et non comme consommateur.
Pour le MEF, rapprocher l'Europe des citoyens
est une évidence. Nous devons poursuivre notre implantation locale
en créant des accords de partenariats avec les collectivités
locales (Conseil Régionaux, Conseils Généraux,
structures intercommunales, communes) afin de faire du Mouvement Européen
l'interlocuteur et le partenaire privilégié de ces collectivités
locales. Nous devons aujourd'hui faire un premier bilan du réseau
"Guideurope" lancé par le Ministre délégué
aux affaires européennes. Ainsi, Il sera possible de déterminer
les départements où ils fonctionnent et a contrario ceux,
comme en Seine-et-Marne, où notre sentiment est que les "Guideurope"
ont été désignés parce qu'il fallait le
faire. Ce qui implique que les actions ne sont pas connues. A titre
d'exemple, en Sein et Marne, le groupe de personnalités qualifiées
(dont le Président du ME77 fait partie) désignées
par le Préfet comme comité de coordination n'a toujours
pas été réuni.
Rapprocher l'Europe des citoyens, c'est contribuer
et inciter au développement des échanges principalement
entre jeunes et un enseignement de l'histoire moins "national"
voire "nationaliste" afin de montrer en toute objectivité
la richesse des cultures européennes permettant ainsi de développer
la citoyenneté européenne.
Rapprocher l'Europe des citoyens, c'est rendre
lisible et compréhensible les institutions européennes
en rappelant en premier lieu leur mission et en second lieu, rendre
cette mission faisable. Les propositions du SPD, dites propositions
Schröder, correspondent totalement à l'architecture que
nous pouvons envisager le volet parlementaire nous semblant plus pertinent
que celui du discours de Joschka Fischer l'année dernière.
En tant que fédéralistes, cette proposition va dans le
bon sens avec une première chambre, le Parlement européen,
une seconde le Conseil et un Gouvernement européen : la Commission.
Dans la perspective de faire de la Commission
un gouvernement européen, alors, on peut appliquer à sa
composition ce qui se passe dans toute démocratie. Un gouvernement
responsable devant les deux chambres ; un gouvernement plus ou moins
restreint suivant les projets de son Président avec des Vice-Présidents,
des Commissaires et des Commissaires adjoints reflétant une majorité
parlementaire européenne (sans quelle soit forcément de
"droite" ou de "gauche"! la composition de gouvernements
comme ceux de la Finlande ou de la Belgique le prouve) ; un gouvernement
"dénationalisé" à savoir un gouvernement
où la question de nationalité n'est pas prise en compte
où nous pourrions avoir plus membres d'un même Etat fusse
t'il "petit" (rappelons à titre d'exemple que la composition
du gouvernement français ne correspond pas à une représentation
du territoire puisque le Limousin pourtant région très
favorable à la majorité n'a pas de ministre!); un gouvernement
respectant bien évidemment la parité femmes-hommes. Utopie
? Rêve ? La construction européenne n'est-elle pas une
utopie en marche ?
Comment poursuivre la construction européenne
?
La question contient une problématique dont nous devons avoir
conscience. En effet, le renforcement de la place de l'Europe en tant
que telle dans le monde ne sera pas sans opposition résolue.
En effet, poser la question revient à
tenter de définir à terme qui aura la faculté de
représenter l'Europe au niveau international. La politique internationale
de l'Europe doit elle revenir aux instances communautaires et quelle
place pourraient avoir les chancelleries nationales. L'un des arguments
que nous pourrions avancer pour une forme de communautarisation de cette
question réside dans la capacité de l'UE d'être
non seulement le principal bailleur de fonds dans l'ensemble des programme
internationaux (dont la publicité devrait être plus importante)
mais aussi de pouvoir compter au niveau international de surcroît
avec les conceptions unilatéralistes de l'actuel président
des Etats unis d'Amérique. En avril à
Genève, le Président de la République a propos
un moratoire international sur la peine de mort, à l'UE d'en
faire une action forte ; de même il faut rendre plus visible les
positions de l'UE notamment sur le protocole de Kyoto.
Là réside une question importante à savoir qui
doit être le "porte parole" de l'UE au niveau international.
Faut-il aller vers un Président européen ?
Rapporteur : Laurent Bonsang
Président de la section Seine-et-Marne
Juin 2001