Contribution du ME France
Basse Normandie à la séance du Conseil National
du 16 juin 2001
PREPARER ACTIVEMENT L'ECHEANCE 2004
idées de réflexion par Jean Fuchs
Oui à l'Europe : pourquoi
? comment ?
Au moment où va s'ouvrir un débat national sur l'Europe,
il faut être conscient que se présente une opportunité
pour ceux qui croient une Europe structurée nécessaire,
qui ne doit pas être gâchée. Un échec risquerait
de reporter à un avenir incertain une nouvelle chance de promouvoir
une Europe politiquement efficace dont la nécessité est
toujours plus évidente.
Il est indispensable que chacun ait clairement conscience des enjeux.
Deux questions exigent une réponse sans ambiguïté.
Pourquoi l'Europe :
Le passé récent explique le désenchantement ou le
manque d'intérêt qui se sont progressivement installés
dans les esprits: l'organisation des instances européennes, des
débats sans résultats tangibles, la technicité des
dossiers ont fait perdre de vue, pour beaucoup, les finalités d'une
construction européenne. Un rappel historique permettra de clarifier
les enjeux.
- Les puissances européennes ont, pendant plusieurs siècles,
exercé leur hégémonie au-delà de l'Europe
géographique. Leurs rivalités et leur puissance ont fini
par les entraîner dans deux guerres mondiales dont elles sont sorties
épuisées pendant que le reste du monde se transformait pour
contester leur domination. Enfin, pendant la guerre froide, l'Europe occidentale
n'a pu sauvegarder ses libertés et amorcer sa renaissance que grâce
à la protection américaine.
- Quelques hommes, qualifiés justement de visionnaires, mais
surtout profondément réalistes, ont compris que la course
suicidaire qu'avaient suivie les nations européennes jusqu'au milieu
du siècle ne serait arrêtée que par que par un changement
radical dans leurs rapports. La CECA puis les initiatives qui se sont
succédées grâce à une prise de conscience devenue
collective ont d'abord fait prévaloir l'idée de paix et
de prospérité dans un régime démocratique.
- Les décisions qui ont suivi ont progressivement affermi
et concrétisé la notion d'un espace européen toujours
plus homogène ayant la volonté de construire un ensemble
capable de défendre ses valeurs.
- Institutions démocratiques primant le droit de l'homme
donc celui des minorités; d'où le droit d'ingérence
impliquant des interventions pour la défense des libertés.
- Nécessité d'une économie de marché
viable, impliquant des disciplines communes pour éviter des déséquilibres
nuisibles à la prospérité des différents partenaires.
Politiques budgétaires, maîtrise de l'inflation, Banque Européenne,
monnaie commune, en témoignent
- Volonté d'assurer à la communauté sa sécurité
et une capacité d'intervention militaire à même de
rendre ses interventions efficaces.
- Aux raisons internes qui poussent la CE à affirmer sa cohérence
et son efficacité, s'ajout l'évolution actuelle et probable
du monde: au monde bipolaire de la guerre froide - qui gelait souvent
les problèmes - succède un monde où s'affirment progressivement
de nouvelles grandes puissances - Inde, Chine
- obligeant les pays
de la CE, livrée à elle même avec le changement d'attitude
des Etats-Unis à son égard, à constituer un ensemble
réellement homogène capable d'être un partenaire de
même taille.
- Il est donc évident que, dans son état actuel, la
CE telle qu'elle est organisée ne peut pas répondre efficacement
aux problèmes et aux défis qu'elle doit affronter dans un
monde mouvant et imprévisible.
Quelle organisation pour l'Europe ?
Trois remarques préliminaires s'imposent:
1. Il faut refuser tout débat préliminaire sur la qualification
des institutions. Toute terminologie telle "fédération
européenne", fédération des états nations,
etc.. est source de polémiques en raison des multiples significations
qui peuvent être données à ces termes selon les convictions
ou les appartenances politiques.
2. L'élargissement, inéluctable, de la CE ne doit pas constituer
un obstacle à une redéfinition des institutions. Une procédure
doit prévoir l'intégration progressive des pays admis si
elle ne peut être complète au départ.
3. S'abstenir d'une redéfinition à priori des organes actuels
de le CE: Commission, Conseil, Parlement, mais la subordonner aux objectifs
arrêtés.
Une démarche réaliste doit en effet définir en premier
lieu les objectifs prioritaires de la CE compte tenu de la défense
de ses valeurs, du contexte mondial et des impératifs en découlant.
Parmi les objectifs retenus par le ME:
1. Détermination des compétences entre l'UE et les Etats
membres, c'est à dire qu'il s'agira de préciser le champ
de la subsidiarité. Il est vital pour l'avenir de l'UE que les
domaines dans lesquels ses intérêts vitaux (fondamentaux)
sont en jeu soient gérés par un conseil disposant de la
capacité de décisions rapidement exécutoires :
- Politique économique et financière
- Libertés démocratiques
- Politique étrangère
et défense
- Environnement
2. Statut de la Charte des Droits fondamentaux
3. Simplification des traités
4. Rôle des parlements nationaux dans l'architecture européenne
C'est sur la base de ces objectifs qu'il appartiendra aux responsables
politiques, français dans un premier temps, puis en concertation
avec leurs collègues européens, de proposer à l'approbation
du Parlement puis d'un référendum, une architecture institutionnelle
répondant à ces priorités.
|