Les Fran�ais seront appel�s, au second semestre 2005,
� se prononcer par r�f�rendum sur le projet
de trait� �tablissant une Constitution pour l'Europe
qui a �t� approuv� par les chefs d'Etat ou
de gouvernement le 18 juin 2004 � Bruxelles et qui sera sign�
le 29 octobre prochain.
C'est une �ch�ance encore lointaine mais incertaine,
car l'opinion publique qui aspire � plus d'Europe peut se
retourner pour des raisons qui peuvent n'avoir qu'un rapport �loign�
avec la question pos�e, au demeurant tr�s simple :
�tes-vous pour ou contre la ratification du trait�
�tablissant une Constitution pour l'Europe ?
Devant la coalition contre nature qui se forme entre des souverainistes
patent�s, des f�d�ralistes d��us
des lacunes du trait� sur le plan social ou nostalgiques
d'une Europe � six ou � douze et des opposants �
l'adh�sion de la Turquie, il y a des risques non nuls que
le non l'emporte, ce qui ruinerait plus de trois ans d'efforts en
vue de rendre plus efficaces et plus d�mocratiques les institutions
de l'Union europ�enne �largie. Il en r�sulterait
une crise dont on a du mal � percevoir les cons�quences
politiques, �conomiques et sociales, mais qui pourrait isoler
la France sans strat�gie de rechange et paralyser le processus
d'int�gration europ�enne pour de longues ann�es.
Dans ce contexte, le Mouvement Europ�en-France doit se
mobiliser r�solument en faveur du oui pendant toute cette
phase de d�bat citoyen qui s'ouvre et qui s'ach�vera
� la fin du printemps prochain pour c�der la place
au temps de la campagne politique. Il doit le faire d'abord
parce qu'il a la conviction que c'est un bon trait� pour
l'Europe et pour la France. Il doit le faire au nom des positions
qu'il a exprim�es � chacune des �tapes du processus
d'�laboration de la Constitution comme au lendemain du Conseil
europ�en lors de son comit� directeur du 30 juin dernier.
Il doit le faire aussi au nom des valeurs et des propositions que
les membres de son bureau national qui participaient aux travaux
de la Convention ont port�es. Il doit le faire enfin au nom
du caract�re transpartisan qui est sa raison d'�tre
mais dont il ne m�conna�t pas la fragilit�.
D�s lors, nos premiers efforts de conviction doivent se porter
vers ceux de nos militants qui s'interrogent, h�sitent ou
sont tent�s par une crise pr�tendument salutaire,
puis bien vite au-del� vers des cercles de plus en plus larges.
Il est donc temps pour nous, militants europ�ens,
de convaincre de la justesse du oui.
1. Le cadre dans lequel s'inscrit
la r�ponse des Fran�ais
La n�gociation est termin�e et il n'est plus temps
de poser des conditions. Le texte de la Constitution est �
prendre ou � laisser.
La r�ponse des Fran�ais porte en elle des cons�quences
lourdes sur la place de la France en Europe et dans le monde. Si
elle est n�gative, elle sera interpr�t�e �
tort ou � raison comme l'expression d'un refus de l'�largissement,
d'un repli sur soi et d'une peur de l'avenir. Si au contraire elle
est positive, alors la France retrouvera sa voix et son autorit�
pour promouvoir une Europe politique, �conomique et sociale
dans laquelle les objectifs de l'Union ne se r�sumeront pas
au simple jeu du libre �change et � la seule logique
du march� int�rieur, pour d�fendre les politiques
communes et pour pousser les feux des coop�rations renforc�es.
Regardons autour de nous. Partout dans les vingt-cinq Etats membres,
le oui para�t naturel aux forces de la soci�t�
civile comme l'illustre avec �clat la position de la Conf�d�ration
europ�enne des syndicats qui porte un jugement lucide sur
les avanc�es du texte sans en nier les insuffisances et qui
parie sur la force d'entra�nement des institutions europ�ennes
pour faire avancer les objectifs sociaux �nonc�s dans
la Constitution.
Notre choix doit �tre dict� par la fid�lit�
� notre h�ritage europ�en qui remonte au congr�s
de La Haye en 1948. Nous avons �t� de tous les
combats en faveur de l'Europe f�d�rale, de la CECA
� la CED, du trait� de Rome � l'Acte unique,
du trait� de Maastricht � celui d'Amsterdam, de la
prise en compte des trois reliquats d'Amsterdam au formidable r�sultat
de la Convention sans omettre l'adoption de la charte des droits
fondamentaux. Nous sommes conscients que l'�chec de la CED
a ruin� pendant cinquante ans les espoirs d'une Europe de
la d�fense. Prenons garde qu'il n'en soit de m�me avec
ce projet de trait� �tablissant une constitution pour
l'Europe n�goci� et conclu par vingt-cinq Etats membres.
La France va devoir modifier sa Constitution pour prendre en compte
les nouveaux transferts de comp�tences et de pouvoirs de
d�cision li�s au passage de nombreux domaines �
la majorit� qualifi�e. Quelle cr�dibilit�
donner alors aux arguments de ceux qui se prononcent en faveur du
non, parce que le trait� ne repr�senterait qu'une
avanc�e timide par rapport au trait� de Nice ? M�me
s'il est plus difficile de n�gocier � vingt-cinq et
� partir de 2007 � vingt-sept, comment pr�tendre
que le trait� constitutionnel soit grav� dans le marbre
pour trente ans, alors m�me qu'on a connu depuis dix ans une
succession de modifications institutionnelles tout en continuant
� s'�largir ?
Notre choix doit �tre ancr� dans la lucidit�
sur la situation internationale et dans la r�alit�
de l'Europe r�unifi�e. Face aux graves incertitudes
pour la paix dans la r�gion que la nouvelle strat�gie
am�ricaine de la guerre pr�ventive est en train d'engendrer
au Moyen-Orient, nous avons imp�rieusement besoin d'un espace
de paix et de solidarit� en Europe pr�s de quinze
ans apr�s la chute du mur de Berlin. Nous n'avons aucun
droit de nier les sacrifices que les nouveaux Etats membres ont
consentis pour entrer dans l'Union. Nous n'avons aucune raison
de mettre en doute l'attachement des nouveaux Etats membres au projet
et au mod�le social europ�en, comme si l'aspiration
l�gitime de l'ouvrier des chantiers navals de Gdansk, de
l'employ�e de banque hongroise, de l'enseignante tch�que
ou de l'�leveur balte ou slov�ne n'�tait pas
de chercher � augmenter rapidement son pouvoir d'achat, son
esp�rance de vie ou son �ducation.
Notre choix doit �tre motiv� par le besoin urgent
de concr�tiser les avanc�es en mati�re de politique
europ�enne de s�curit� et de d�fense
qui trouvent leur origine dans le sommet franco-britannique de Saint-Malo
en 1998.
Enfin notre choix ne saurait �tre influenc� par
la difficile question de l'ouverture de n�gociations d'adh�sion
avec la Turquie, m�me si le rendez-vous de la fin 2004
fix� au Conseil europ�en de Copenhague en 2002 est
malencontreux. Notre position demeure celle du respect de tous
les crit�res de Copenhague comme pr�alable �
l'ouverture de n�gociations. Ces crit�res sont,
il faut le rappeler, au nombre de quatre :
- des institutions stables garantissant la d�mocratie,
l'Etat de droit, les droits de l'homme, le respect des minorit�s
et leur protection " ;
-" une �conomie de march� viable ainsi que
la capacit� de faire face � la pression concurrentielle
et aux forces du march� � l'int�rieur de l'Union
" ;
-" la capacit� d'assumer les obligations de l'adh�sion,
notamment de souscrire aux objectifs de l'Union �conomique
et mon�taire. " ;
Le dernier crit�re qui n'est pas le moins important pr�voit
que " la capacit� de l'Union � assimiler de
nouveaux membres tout en maintenant l'�lan de l'int�gration
constitue �galement un �l�ment important r�pondant
� l'int�r�t g�n�ral aussi bien
de l'Union que des pays candidats ".
Des progr�s incontestables ont �t� enregistr�s.
Mais la pression de l'Union europ�enne ne doit pas se rel�cher
comme on vient de le voir avec la r�forme en cours du code
p�nal. La ratification du trait� constitutionnel et
la valeur constitutionnelle qu'il conf�re � la Charte
des droits fondamentaux et au respect du droit des personnes appartenant
� des minorit�s (article I-2) garantissent que cette
pression se maintienne.
�
2. La Constitution, premi�re
�tape de l'Europe politique
Pour nous qui appelons � voter oui sans arri�re-pens�e,
la Constitution est l'acte fondateur d'une Europe politique qui
peut et doit aller beaucoup plus loin. De nombreuses dispositions
de la Constitution en attestent.
Ainsi le Parlement europ�en est dot� de pouvoirs
budg�taires et l�gislatifs accrus. Il acquiert
les m�mes pouvoirs que le Conseil en mati�re budg�taire,
l'article III-404 supprimant la distinction entre d�penses
obligatoires et d�penses non obligatoires, et dans une quarantaine
de nouveaux domaines o� la cod�cision va s'appliquer
(article I-34 et partie III).
Le Pr�sident de la Commission europ�enne sera
�lu par le Parlement europ�en � la majorit�
simple. Le texte pr�cise que c'est sur la base du r�sultat
des �lections europ�ennes que le Conseil europ�en
proposera un candidat (article I-27).
La d�mocratie participative se trouve renforc�e
gr�ce � la clarification des actes juridiques de l'Union
(articles I-33 � I-39), � l'obligation faite aux institutions
de l'Union d'entretenir un dialogue ouvert avec les associations
repr�sentatives et la soci�t� civile (article
I-47-2), au droit d'initiative citoyenne (article I-47-4) et �
la reconnaissance constitutionnelle du r�le des partenaires
sociaux, du caract�re autonome des accords-cadres europ�ens
et de la contribution au dialogue et social du sommet tripartite
pour la croissance et l'emploi (article I-48). Le r�le de
la Convention est consacr� dans la proc�dure de r�vision
de la Constitution (article IV-443).
Pour la premi�re fois depuis la signature du trait�
de Rome, le nouveau trait� �num�re clairement
(articles I-11 � I-17) les domaines o� les Etats membres
ont transf�r� des pouvoirs d'action � l'Union
et introduit une classification des comp�tences de l'Union,
exclusives, partag�es ou d'appui, qui montre que la souverainet�
primaire reste dans les mains des peuples et de leurs repr�sentants.
Le principe de subsidiarit� est encadr� sans pour
autant donner un pouvoir de blocage aux Parlements nationaux (article
I-11-4 et protocole n�2).
La primaut� du droit europ�en est reconnue (article
I-5 et d�claration n�1) et les Etats membres ont
l'obligation d'�tablir les voies de recours n�cessaires
� une protection effective dans les domaines couverts par
le droit de l'Union (article I-29). On peut compter sur la Cour
de justice, institution d'essence f�d�rale qui devient
Cour de justice de l'Union europ�enne, pour en tirer toutes
les cons�quences.
L'organisation des travaux du Conseil, qui s'appelle d�sormais
Conseil des ministres, gagne en coh�rence et en efficacit�.
Le ministre des affaires �trang�res pr�side
le Conseil des affaires �trang�res et les conditions
de rotation de la pr�sidence des autres formation du Conseil
est renvoy�e � une d�cision du Conseil europ�en
statuant � la majorit� qualifi�e (article I-24).
La d�finition de la majorit� qualifi�e
(article I-25) est substantiellement am�lior�e par
rapport au trait� de Nice. L� o� il fallait
r�unir trois conditions (une majorit� d'Etats membres
ou les deux tiers si le Conseil ne se prononce pas sur proposition
de la Commission, 72,3 % des voix qui devenaient 73,91 % apr�s
l'adh�sion de la Bulgarie et de la Roumanie, enfin 62 % de
la population de l'Union), il n'y aura plus que deux crit�res,
55 % des Etats membres (72 % si le Conseil ne se prononce pas sur
proposition de la Commission) repr�sentant au moins 65 %
de la population de l'Union.. Une d�claration jointe au trait�
vise � organiser une transition sans heurts � la nouvelle
d�finition de la majorit� qualifi�e.
L'Europe politique, c'est aussi la capacit� de l'Union
� faire entendre et respecter sa voix sur la sc�ne
internationale. Le trait� constitutionnel reconna�t
la personnalit� juridique de l'Union (article I-7), pr�voit
une pr�sidence stable du Conseil europ�en (article
I-22) et un renforcement des moyens diplomatiques et militaires.
Il est cr�� un poste de ministre des affaires �trang�res
de l'Union (article I-28). Celui-ci pr�sidera le Conseil
des affaires �trang�res de l'Union, aura un droit
d'initiative, s'appuiera sur un service europ�en pour l'action
ext�rieure qui r�unira diplomates europ�ens
et nationaux et dont la coh�rence et l'efficacit�
se trouveront accrues. Il est aussi cr�� un embryon
d'arm�e europ�enne et une agence europ�enne
de la d�fense et de l'armement est institu�e. (article
I-41-3). Une coop�ration structur�e permanente est
autoris�e sans qu'il soit requis comme pour les autres coop�rations
renforc�es un seuil d'Etats participants (article I-41-6).
Une clause de solidarit� dans le cas o� un Etat membre
serait victime d'une attaque terroriste ou d'une catastrophe naturelle
ou humaine (article I-43) concourt � asseoir la cr�dibilit�
de cette Europe politique.
L'Europe politique avance encore gr�ce � la reconnaissance
de l'Eurogroupe qui se dote d'une pr�sidence stable (article
III-195 et protocole n�12), mais aussi gr�ce �
la possibilit� enfin accord�e aux Etats participant
� l'euro de d�lib�rer et de voter entre eux
en mati�re de coordination des politiques �conomiques
et de d�ficit public excessif parce qu'ils ont des int�r�ts
communs distincts de ceux des autres Etats membres de l'Union (article
III-194). C'est un pas de plus vers le gouvernement �conomique
capable de faire contrepoids � la Banque centrale europ�enne.
Mais beaucoup de choses restent � faire pour remettre la
zone euro sur un chemin de croissance durable et riche en emplois.
C'est une raison suppl�mentaire pour ne pas revenir au trait�
de Nice mais partir des acquis du texte du trait� constitutionnel.
L'Europe politique avance enfin avec les dispositions particuli�res
relatives � l'Espace de libert�, de s�curit�
et de justice (I-42) qui rel�vent d�sormais de la
m�thode communautaire pour leurs aspects normatifs sous r�serve
de certaines restrictions et de la m�thode intergouvernementale
pour la coop�ration op�rationnelle. Comme le Mouvement
europ�en-France l'avait souhait�, la Constitution
consacre le principe de reconnaissance mutuelle des d�cisions
judiciaires et extra-judiciaires, les pouvoirs d'Eurojust sont renforc�s
puisque celui-ci pourra notamment d�clencher les enqu�tes
p�nales de sa propre initiative et coordonner les enqu�tes
et poursuites conduites par les Etats membres (article III-273).
De m�me, une loi europ�enne pourra instituer un
Parquet europ�en � partir d'Eurojust, mais celui-ci
ne sera comp�tent que pour combattre les infractions portant
atteinte aux int�r�ts financiers de l'Union (article
III-274).
3. La Constitution affirme la
vocation sociale de l'Union europ�enne
La Charte des droits fondamentaux qui a �t�
n�goci�e avec la participation active de membres des
instances du Mouvement Europ�en-France et qui n'avait depuis
sa signature qu'une valeur symbolique constitue la deuxi�me
partie du texte. Elle consolide des droits sociaux tr�s �tendus
comme le droit de n�gociation et d'actions collectives, y
compris le droit de gr�ve, la protection en cas de licenciement
injustifi�, le droit � la limitation du temps de travail,
le droit d'acc�s aux services sociaux, le droit �
une aide sociale et � une aide au logement et l'acc�s
aux services publics.
La r�f�rence aux explications r�dig�es
lors de l'�laboration de la Charte qui a �t�
introduite � la demande du Royaume-Uni dans le pr�ambule
de la partie II, dans les dispositions g�n�rales (article
II-111-7) et dans la d�claration n�12 ne leur conf�re
pas de valeur juridique et n'affecte en rien les avanc�es
pour les libert�s individuelles et collectives que repr�sentent
l'adh�sion de l'Union � la Convention europ�enne
des droits de l'homme et la valeur constitutionnelle de la Charte.
Tous ces droits acqui�rent une force contraignante qui s'imposera
au juge communautaire comme aux juridictions nationales.
La r�affirmation que la concurrence sur ce march�
est libre et non fauss�e ne fait strictement que reprendre
l'acquis communautaire et nous prot�ge face aux tentations
de certains d'aller vers une simple zone de libre �change
o� des pratiques de dumping social et fiscal pourraient se
donner libre cours.
Les objectifs sociaux sont reconnus (article I-3). La justice
sociale, le progr�s social, le plein emploi, le d�veloppement
durable, le combat contre l'exclusion sociale et les discriminations,
la solidarit� entre les g�n�rations et la protection
des droits de l'enfant, l'�galit� entre les femmes
et les hommes deviennent des objectifs de l'Union. Ils ont le
m�me statut et la m�me port�e que celui du march�
int�rieur.
Toutes les politiques et actions de l'Union devront prendre
en compte ces objectifs sociaux. C'est ce qu'on appelle la clause
sociale transversale (article III-117) La Cour de justice, sur saisine
d'un Etat membre, pourra d�clarer contraire � la Constitution
toute d�cision de l'Union qui contreviendrait � l'un
de ces objectifs.
La Constitution pr�voit, s'agissant des travailleurs migrants,
une clause d'appel au Conseil europ�en (article III-136)
pour tout Etat membre qui estimerait qu'un projet de loi ou de loi-cadre
serait de nature � porter atteinte � l'un des aspects
fondamentaux de son syst�me de s�curit� sociale,
ce qui aura pour effet de suspendre la proc�dure l�gislative
ordinaire.
Enfin, la Constitution affirme le r�le fondamental de
services publics et ouvre la voie � l'adoption d'une loi
europ�enne fixant leurs missions et leur mode de financement
(article III-122).
�
4. La Constitution comporte des insuffisances
mais aucun recul
Comme tout texte de trait� n�goci�, le projet
qui nous est soumis comporte des insuffisances importantes. C'est
vrai de l'harmonisation fiscale et sociale, qui, faute de donner
lieu � des d�cisions � la majorit� qualifi�e,
risque d'�tre paralys�e. Mais est-on s�r que
dans les rapports de force actuels en Europe l'unanimit�
ne nous prot�ge pas mieux face aux tentations du moins-disant
fiscal ? C'est vrai aussi de la proc�dure de r�vision
du trait�. Mais la conf�rence intergouvernementale
n'a rien chang� � ce qui est sorti de la Convention
sur ces deux questions essentielles. C'est vrai enfin de la proc�dure
d'adoption des perspectives financi�res que la Conf�rence
intergouvernementale a ramen�e � l'unanimit�,
mais la France est un contributeur net qui cherche � pr�server
le financement de la politique agricole commune. La vraie avanc�e
aurait �t� la lev�e de l'imp�t par le
Parlement europ�en, audace que la Convention n'a malheureusement
pas eue.
Sans doute le processus de r�vision ordinaire de la Constitution
(article IV-443) est-il lourd � vingt-cinq et requiert-il
l'unanimit�, ce qui en d�mocratie n'a rien d'anormal
quand il s'agit de la loi fondamentale, mais il conf�re un
droit d'initiative au Parlement europ�en et institutionnalise
la convocation d'une Convention sur d�cision du Conseil europ�en
� la majorit� simple. La r�vision des politiques
communes et des actions internes peut relever de deux proc�dures
de r�vision simplifi�e. La premi�re permet
de faire passer dans le champ de la majorit� qualifi�e
un domaine ou une d�cision de la partie III relative aux
politiques et au fonctionnement de l'Union sauf dans les mati�res
li�es � la d�fense, c'est la clause passerelle
(article IV-444). La seconde permet de modifier tout ou partie des
dispositions relatives aux politiques et aux actions internes, c'est
la proc�dure de l'article IV-445. Dans les deux cas il faut
une d�cision � l'unanimit� du Conseil europ�en,
mais dans le premier cas les parlements nationaux peuvent exercer
un droit de veto alors que dans le second la d�cision n'entre
en vigueur qu'apr�s approbation par les Etats membres conform�ment
� leurs r�gles constitutionnelles respectives. Enfin,
il ne faut pas oublier la clause de flexibilit� (article
I-18) qui reprend un m�canisme ant�rieur de d�cision
� l'unanimit� (article 308 du TCE) en l'�tendant,
puisque son utilisation n'est plus limit�e au fonctionnement
du march� commun.
Quant aux coop�rations renforc�es (articles I-44
et III-416 � 423), elles sont assouplies moins dans les
conditions de leur d�clenchement (autorisation par la Commission,
le Parlement europ�en et le Conseil statuant � la
majorit� qualifi�e) que dans leur fonctionnement (application
des nouvelles r�gles de majorit� qualifi�e,
y compris dans le domaine de la d�fense) et dans leur champ,
puisque le dispositif de droit commun concerne tous les domaines
vis�s par la Constitution sauf ceux o� il existe une
comp�tence exclusive.
Si la France ne ratifiait pas le trait� constitutionnel,
elle prendrait la responsabilit� de vivre avec le trait�
de Nice dont il faut rappeler que la dur�e est illimit�e
comme tous les trait�s pr�c�dents et qui est
en retrait sur de nombreux points essentiels comme les coop�rations
renforc�es ou les proc�dures de vote. Tous les
acquis de la premi�re n�gociation � vingt-cinq
seraient ruin�s et les adversaires d'une Europe f�d�rale
en seraient les premiers b�n�ficiaires.
La Constitution ne comporte aucun recul par rapport aux trait�s
pr�c�dents. Elle pr�serve pleinement la
dimension la�que de l'Union, prot�ge la diversit�
culturelle en l'ins�rant dans les objectifs de l'Union et
en reconnaissant la sp�cificit� des biens culturels
dans les n�gociations commerciales multilat�rales.
Elle reprend les m�mes dispositions que le trait� de
Maastricht sur l'Union �conomique et mon�taire comme
sur la politique de concurrence, la politique agricole commune,
les politiques de coh�sion et le march� unique.
�
5. La ratification du trait� constitutionnel
est la condition de nouvelles avanc�es sur la voie d'une
Europe f�d�rale
La " strat�gie europ�enne de s�curit�
", qui a �t� approuv�e par le Conseil
europ�en de Bruxelles le 12 d�cembre 2003 et qui affirme
clairement le choix d'un multilat�ralisme effectif incarn�
par une Organisation des Nations Unies dot�e " des moyens
n�cessaires pour pouvoir assumer ses responsabilit�s
", ne pourra �tre mise en �uvre que si l'Union n'entre
pas en crise institutionnelle. Avec la ratification du trait�
constitutionnel, l'Union europ�enne trouvera au contraire
une force nouvelle de rayonnement, de proposition et d'initiative
dans la r�gulation de la mondialisation face au mod�le
imp�rial am�ricain. Elle acquerra les moyens de devenir
un acteur central du renforcement du syst�me multilat�ral.
Avec le trait� constitutionnel, de nouvelles avanc�es
sur la voie d'une Europe politique et sociale seront possibles gr�ce
� l'exercice du droit d'initiative populaire et �
l'institutionnalisation de la m�thode de r�vision
des trait�s par la convocation d'une convention. Nous militants
du Mouvement Europ�en international pr�sents dans
tous les Etats membres, emparons-nous de l'imp�t europ�en
comme premier th�me de ce nouveau droit d'initiative et pr�parons
une prochaine �tape d'int�gration qui pourrait �tre
concomitante � l'entr�e de la Bulgarie et de la Roumanie
dans l'Union.
L'inqui�tude grandissante sur les d�localisations
ne permet pas la passivit� de l'Union face aux ambitions
des grands pays �mergents � bas co�t de main
d'�uvre qualifi�e (Chine, Inde, Br�sil). Faisons
pression pour que le Parlement europ�en passe en revue toutes
les voies pour combattre la chasse des investisseurs aux subventions
et au moins-disant fiscal.
La gouvernance �conomique de la zone euro doit �tre
renforc�e pour �tre � m�me de peser positivement
sur les d�cisions de politique mon�taire de la BCE.
Les nouvelles dispositions du trait� constitutionnel nous
placent en meilleure position pour y parvenir.
La n�gociation d'un trait� social et la protection
des services publics comme instrument central de coh�sion
sociale et territoriale seront plus faciles en prenant pour point
de d�part les dispositions du trait� constitutionnel,
en particulier les articles III-117 (clause sociale), III-119 (clause
de d�veloppement durable) et III-122 (clause sur les services
publics) qu'en revenant au trait� de Nice.
Enfin, tout montre que les coop�rations renforc�es
seront plus simples � d�ployer dans le cadre du trait�
constitutionnel que dans celui du trait� de Nice.
La ratification du trait� constitutionnel cr�e
les conditions d'une dynamique nouvelle des politiques communes
au sein de l'Union �largie. Son rejet ouvrirait la voie �
un affaiblissement des politiques communes.
Le Mouvement Europ�en-France
appelle ses sections et associations nationales membres �
�clairer nos concitoyens sur les enjeux du r�f�rendum
et � les convaincre qu'ils doivent se prononcer non pas en
fonction de consid�rations de politique int�rieure
mais en croyant en leur avenir europ�en.